Préambule



Ayant animé un atelier "Jeux d'écriture" pendant quelques années au sein d'un Réseau d'échanges réciproques de savoirs, je vous propose de jouer avec moi. 

Je vous propose de créer votre texte en utilisant les mots, les phrases et le thème proposé. 

Aucune contrainte vous sera imposée. Vous créez tout simplement et si un mot "coince" tant pis. Pour moi, ce sera le plaisir de vous lire. Pas de délai d'écriture non plus.

Vous pouvez ensuite, soit mettre un lien sur mon blog vers le vôtre, sinon vous me l'envoyer et je mettrai les textes en ligne sur mon blog. Vous faites comme bon vous semble et surtout comme vous avez envie. 

Au plaisir de vous lire.

Pour accéder aux propositions cliquer sur l'onglet "Propositions de mon atelier d'écriture".

samedi 8 mai 2021

La plume de Laurence - Proposition 98

Vous allez imaginer un arbre qui vient de se faire élaguer de manière radicale. Juste élagué, pas coupé. Il n'a plus que ses grosses branches devant ses congénères. Vous allez le faire réagir en le faisant parler. Que ressent-il ? Qu'espère-t-il ? Comment réagit-il face aux autres arbres de son environnement ?

 

Depuis quelques jours, je voyais un humain tourner autour de moi. Nous sommes à la fin du printemps, le 
soleil commence à chauffer. Je me suis dit qu'il venait se mettre un peu à l'ombre. C'est vrai que je l'ai trouvé bizarre dans son accoutrement. Il a fait le tour de mon tronc et à la fin, il a fait une grosse croix avec de la peinture. J'ai rien compris.
Et voilà, aujourd'hui, je suis tout nu ou presque. Ils ont tout enlevé. Les feuilles, les branches, les glands. Je ne verrai plus les écureuils. Il ne me reste que quelques moignons par-ci par-là. Soit disant, il fallait m'élaguer, je prenais trop de place. Je gênais mes congénères. Mais là, ils m'ont carrément tondu. Je vais mourir…
Pourquoi moi et pas les autres ?Lui à ma droite, le Hêtre, qui profite de ma hauteur pour grandir tranquillement à l'ombre. En plus, il commence à me dépasser et me fait de l'ombre, ombre que je n'apprécie pas du tout. En plus de ça, il a vraiment une drôle de tenue avec ces mycorhizes, beurk ! Il aurait pu finir en contre-plaqué, en meubles ou en jouets.
Ou l'autre à ma gauche, le Charme avec ses branches longues et grêles, et son fruit volant, l'akène. Regardez son tronc, on dirait de longs muscles. Il n'a rien d'élégant. Il aurait pu finir en pâte à papier, ou en bois de chauffage. Ou lui, en face, l'Erable, le faux-platane. On dit de lui que ces graines peuvent être transportées sur des distances considérables par le vent. On dit qu'il prend de magnifiques teintes en automne. C'est pas une raison. De toute façon, il n'en a plus pour longtemps. Il a déjà 140 ans. Il aurait pu faire un bel ustensile de cuisine. 
Ou encore lui, le Frêne. D'abord, il devient beaucoup trop haut avec son tronc qui ressemble à une peau de crocodile. C'est un paresseux avec ces feuilles lancéolées. Ces grappes pendantes qui ressemblent à des « langues d'oiseau ». Encore un qui aurait pu finir dans une cheminée, ou en article de sport.
Moi, on m'appelle sa majesté le Chêne. Je sais, je suis très vieux mais pas encore assez pour mourir, je vais bientôt avoir 1000 ans. Mon écorce est très crevassée, mais je reste très dur en vieillissant. Moi qui symbolise la force et la majesté, je ne ressemble à plus rien.
Je me souviens des amoureux qui venaient s'asseoir à mes pieds. J'aimais les regarder s'embrasser. Il me grattouillait le tronc pour graver leurs initiales. Je me souviens de ce petit garçon qui venait se réfugier à mes pieds pour échapper à une fessée. Je me souviens du temps des druides, des celtes, eux ils ne m'auraient jamais fait de mal.
Plus personne ne viendra m'enlacer, chuchoter au creux de mon écorce, partager avec moi ce qui leur tient à cœur. J'étais devenu leur ami, leur confident. Plus personne ne viendra me câliner. Maintenant, je vais devoir attendre des mois, peut être des années avant que l'on ne vienne se recueillir autour de moi. Je ne ressemble à plus rien. Bientôt je finirai en tonneau, en cercueil, en pilotis ou en bateau.

Eureka, j'ai compris. En fait, ils ont coupé toutes mes branches à cause des cocons remplis de chenilles processionnaires qui s'étaient allongées le long de mes branches. Je vais pouvoir encore vivre 1000 ans.


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