Il est 8 heures, Jean monte le rideau.
C’est un petit troquet situé près d’une fontaine.
Dès les premiers rayons du soleil et la chaleur du printemps, Jean installe ses tables et ses chaises, sur la terrasse.
Ici le matin, l’odeur du café se repend dans toute la rue.
Moi je suis là dans le noir. J’entends tout mais je ne vois rien. Je suis coincée dans ce tiroir qui n’arrête pas de s’ouvrir et se fermer. Certaines de mes sœurs sont à l’air libre toute la journée, moi je ne reste dehors qu’un seul instant, dès que mon travail est fini, je retourne dans le tiroir. Remarquez je n’ai pas trop à me plaindre ; mes cousines, « les plastiques » vont directement à la poubelle après leur travail.
Et voilà, le premier client arrive. Je vais devoir me mettre au boulot.
Jean met en route le percolateur. Il installe ma copine la tasse, sur sa deuxième moitié la sous-tasse. Soudain, il me saisit et me pose à côté de ce morceau rectangulaire, tout blanc : le sucre.
Mon heure arrive, je vais encore me faire lécher, tordre, mordiller.
Mais non, aujourd’hui, la journée commence bien. C’est Marie qui est entrée, elle vient se détendre tous les matins avant de se rendre au travail. Elle me prend et pose délicatement le sucre sur mon ventre. Tout doucement, elle me plonge dans le café et voilà j’entame une valse.
Quel bonheur malgré tout d’être une petite cuillère.
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