L’aventure c’est de partir un matin pour une destination
inconnue.Nous
sommes partis un matin, très tôt, pour aller à la rencontre de ce
mont que j’avais tant convoité. J’avais lu et relu les
descriptifs et bien qu’un peu hésitante j’ai finalement décidé
de me lancer dans l’aventure. Certes, je savais que la journée
allait être dure mais tant pis, j’étais prête et plus rien ne
pouvait m’arrêter. Thierry voulait trouver un endroit pour se
garer de sorte que le nombre de kilomètres soit un peu moins long
que la normale. Il est 7h30 du matin, lorsque nous arrivons à
l’endroit prévu, un peu plus haut que St Agnan en Vercors. Je
n’avais rien oublié, les chaussures, le sac à dos, rempli de
victuailles, et les bâtons. Et nous voilà partis pour une longue,
longue marche en direction du « Pas de la Ville ». Nous
empruntons un petit sentier dans la forêt et je commence à
apercevoir au loin ce dôme gécolotesque, à travers
les feuillages des arbres. Nous traversons la forêt pendant quelques
kilomètres et voilà, qu’un immense alpage s’offre à mes yeux.
Nous entrons dans la Réserve Naturelle et dans un tout autre
univers. La vue est totalement dégagée, Le parterre est recouvert,
d’anémone, de trolles, dryades. C’est magnifique. Un plateau
bucolique. J’entends des sifflements qui m’étaient inconnus
jusqu’ici. Thierry me dit : « ce sont des marmottes ».
J’essaye de les trouver mais je sais que c’est peine perdue.
Elles sont trop farouches. Tout en continuant notre traversée, je
les entends. J’ai l’impression qu’elles se répondent les unes
et les autres. Nous foulons ainsi l’herbe verte pendant plusieurs
kilomètres. Je veux profiter de tout, du paysage des odeurs, du
bruit mais Thierry me practichouille (bouscule) un peu
car nous n’avons pas fais la moitié du chemin et il nous reste une
belle montée à faire. Moi je préfère bagnaudasser.
On quitte définitivement notre chemin forestier pour un sentier plus
étroit qui va bientôt prendre de l’altitude. Les choses plus
sérieuses vont alors commencer. Très vite, le décor change :
finies les vertes prairies aux multiples fleurs c’est maintenant de
plus en plus caillouteux. Depuis le bas, cette montée s’annonce
d’être rude avec 300 mètres de dénivelé mais en réalité les
nombreux zigzags sont bien conçus permettant de monter sans trop
forcer. L’ascension est accompagnée d’une superbe vue sur le
Mont Aiguille et les plateaux du Vercors. Et voilà, nous atteignons
le « Pas de la Ville ». Nous sommes à 1940 mètres
d’altitude environ. Une vue magnifique s’offre à moi sur le
plateau du Vercors et la vallée. C’est alors que Thierry me dit :
« voilà ma chérie, maintenant nous faisons demi-tour ».
Je lui réponds : « Oh non, je ne suis pas venue jusqu’ici
pour ne pas atteindre le principal ». Celui que j’avais tant
convoité. En fait, il n’avait pas prévu d’atteindre le sommet
pensant que la fatigue me gagnerait très vite. Mais non, j’étais
tellement émerveillée par la vue que j’avais qu’une seule envie
c’est d’arriver là haut. Nous en profitons donc pour faire une
pause (un petit encas de circonstance), afin d’admirer le point de
vue au « belvédère rocher », et pour souffler un peu
tout en contemplant le splendide paysage. Et nous voilà reparti, on
bascule sur la pente ouest du Grand Veymont. Le sentier devient
rocailleux et aérien, parfois même certains passages demandent un
peu d’escalade. Au cours de notre ascension, nous avons eu la
chance de rencontrer des bouquetins qui broutaient tranquillement
sans se soucier de notre présence. Une rencontre des plus magiques
pour moi. Je saisi mon appareil photo et j’immortalise ce moment.
Il y en a partout, à droite, à gauche, qui courent, qui sautent.
Thierry me dit : « Attention où tu mets les pieds »,
mais je ne peux m’empêcher de continuer à les mitrailler de
photos. Cette petite attraction m’a permis de faire encore une
courte pause. Le sentier montre progressivement mais la crête est
une suite d’antécimes. Après l’avoir longé pendant 45 minutes,
je le vois, il est à la portée de main ! Encore quelques
mètres, et voilà, j’atteins enfin le sommet. (2341 m). J’ai
l’impression d’être sur le toit du monde. Sa pente herbeuse, son
vide, ses abris de pierres, c’est impressionnant. La vue au sommet
du Grand Veymont est sensationnelle ! C’était féeriblimeux
(féerique).
Une vue imprenable sur un panorama à 360° de toute
beauté : les Hauts Plateaux du Vercors jusqu’aux Trois Becs,
le Mont Aiguille à nos pieds, le Dévoluy, l’Obiou, le Grand
Ferrand, l’Oisans, les Écrins, la Chaîne de Belledonne, et tout
au fond on pouvait apercevoir le Mont Blanc. Toutes ces montagnes, je
connaissais leur nom car Thierry les avaient arpenter. Mais là, je
les voyais. Je photographie le paysage, tel un professionnel, pour ne
louper aucune image.Une
longue pause est la bienvenue. Bien qu’il y ait beaucoup de monde,
il y a assez d’étendue pour trouver sa place sans se marcher
dessus. J’aperçois un vol de vautours au dessus de nos têtes, un
vrai ballet royal. Les Chocards eux s’impatientent. Ils attendent
de passer derrière notre pique nique sommital.
Après
1h30 de pause, nous prenons le chemin du retour qui était encore
long. Direction le « Pas des Chattons. Longue descente avec
quelques lacets. Je me retourne de temps à autre pour regarder ce
« monstre » que je laissais derrière moi. Je varidule
dans l’oreille de Thierry, pour lui exprimer mon plaisir de
m’avoir permis de réaliser mon rêve. Nous nous posons quelques
minutes au Pas des Chattons pour admirer une dernière fois le vol
des vautours. Nous entamons une longue marche sur le plateau en
direction de notre point de départ. Le soleil commençait à se
coucher mais je ne pouvais pas m’empêcher de me retourner pour
l’admirer une dernière fois. Nous traversons cette immense prairie
remplie de Lys Martagon. La fatigue commence à se faire sentir mais
je ne dis rien je continue, des souvenirs plein la tête. Il est 19h
lorsque nous arrivons à la voiture. Au compteur : 17 km et plus
de 900 mètres de dénivelé. Youpie, je l’ai faite, c’est
engaroufiant.
Mot du
dictionnaire
Bagnaudasser :
flâner
Engaroufiant :
fantastique époustouflant
Variduler :
Murmurer de douces mélopées à l’être aimé
Mots que j’ai
inventés.
Féeriblimeux :
féerique, sublime, merveilleux
Practichouiller :
presser, activer, bousculer, faire se dépêcher.
Gécolotesque :
gigantesque, géant, colossal
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