Préambule



Ayant animé un atelier "Jeux d'écriture" pendant quelques années au sein d'un Réseau d'échanges réciproques de savoirs, je vous propose de jouer avec moi. 

Je vous propose de créer votre texte en utilisant les mots, les phrases et le thème proposé. 

Aucune contrainte vous sera imposée. Vous créez tout simplement et si un mot "coince" tant pis. Pour moi, ce sera le plaisir de vous lire. Pas de délai d'écriture non plus.

Vous pouvez ensuite, soit mettre un lien sur mon blog vers le vôtre, sinon vous me l'envoyer et je mettrai les textes en ligne sur mon blog. Vous faites comme bon vous semble et surtout comme vous avez envie. 

Au plaisir de vous lire.

Pour accéder aux propositions cliquer sur l'onglet "Propositions de mon atelier d'écriture".

vendredi 14 mai 2021

Les mots de Montpellier - Atelier 9 - 2021 - Sujet 1

 

Quelquefois elle imagine à quel point tout aurait été facile si elle avait été un garçon. Quand elle pense aux paroles que disait sa mère : « Je préfère mes garçons, c’est une offrande de Dieu ». 

Lorsqu’elle cherche au fond de sa mémoire des images du passé, elle n’arrive pas à retrouver celles où sa mère la prend dans ses bras comme elle le faisait avec ses fils. Elle devait être sage, laisser sa place aux autres. La femme pudique qu’était sa mère, n’était en fait qu’une diablesse. Son père lui, il l’aimait, mais beaucoup trop. Elle était petite, elle ne comprenait pas. Il lui disait : «  tous les papas font ça », que c’était normal et que surtout elle ne devait rien dire. Elle redoutait les dimanches où ils partaient tous les deux en voiture, lui sobrement habillé. Elle n’était qu’une enfant avec qui l’on joue, avec qui l’on assouvit ses plaisirs. Il l’appelait sa « fifille ». Elle était sa petite dernière. Comme elle aurait tant aimé ne pas l’être. Lui, le mâle dont elle avait tant de fois eu peur. Elle craignait ses regards et ses mains. 

Elle se rappelle les moments où elle était seule, là, dans son coin. Elle ne disait rien. Elle avait 6 ans quand il avait pris sa vie.

Elle avait vécu dans le mensonge, les secrets. Elle avait passé 35 ans de sa vie à faire croire au monde qui l’entourait, qu’elle était heureuse, mais derrière cette carapace qui s’était formée autour de son corps, elle souffrait. Elle ne pouvait rien dire. Elle se sentait coupable. Elle pensait qu’elle fabulait. Elle n’arrivait pas à trouver le bon moment. 

La honte, la culpabilité, la haine sont des sentiments qui lont poursuivie toute sa vie. Les années ont passé, dans la douleur, la maladie, la mort de ces êtres détestés qui fut une libération pour elle

Puis un jour, le moment est venu où les langues proches d’elle se sont déliées. Les paroles ont fusé et elle s’est délivrée. La chrysalide s’est transformée en papillon. 

Elle entend encore les balbutiements de son cœur quand elle l’a rencontré. Lui, l’homme qui allait changer sa vie. Celui qui a ouvert les yeux sur sa vie et sur elle. Celui qui avec douceur lui a fait comprendre qu’elle était une femme et non un objet. Au premier instant de leur rencontre, il avait tout compris d’elle. Elle a enfin pu regarder un homme dans les yeux, sans avoir peur de ses gestes. Elle est enfin devenue une femme dans ses bras et non plus un objet. Elle aime quand il la regarde, quand il la touche, quand il lui fait l'amour. Elle aime être dans ses bras. Elle aime quand il lui parle. Elle avale toutes ses paroles. Il la rassure

Aujourd’hui elle se contemple dans un miroir et elle voit un visage fatigué par ces années de souffrances, un corps meurtri. Il est enfin temps qu’elle se réveille et qu’elle pense enfin à elle.

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